Olivier Messager « Le transformateur, clé de voûte de la démarche Bas Carbone »
Actualité
1 mars 2022 à 10:04
3 questions à... Olivier Messager, Fondateur
d’O2M
Quels sont les enjeux
du Bas Carbone pour les entreprises agroalimentaires ?
La stratégie nationale bas-carbone est dorénavant
la feuille de route de la France pour limiter le réchauffement climatique et
ses effets. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à
effet de serre jusqu’à 2050. Echéance que la France s’est fixée pour atteindre
la neutralité carbone. Parmi les engagement nationaux, l’enjeu est déjà, d’ici
2030, de réduire d’au moins 19 % ses émissions de gaz à effet de serre pour
l’agriculture et de 35 % pour l’industrie. Il est donc important que les industriels
agroalimentaires s’emparent de cette démarche bas carbone, que ce soit pour
développer leur offre produits, ou pour définir leurs investissements. 2030,
c’est demain !
Les enjeux sont réglementaires mais
deviennent aussi financiers, car une démarche bas carbone conditionnera à
l’avenir l’accès au concours bancaire ou à certains marchés. D’autre part,
l’arrivée de scoring environnementaux comme l’Eco-Score ou le Planet Score, va
de plus en plus impliquer le consommateur dans le choix de produits à faible
empreinte. Pour l’industriel agroalimentaire, l’enjeu est de diffuser cet
objectif stratégique dans toutes les strates opérationnelles et décisionnaires
de son entreprise en incluant les composantes de management, d’investissements,
d’éco-conception, etc. Pour atteindre ses objectifs bas carbone, il va devoir agir
sur ses process en interne. Mais aussi influer sur la filière en amont. En
moyenne, 50 à 70 % des impacts d’un produit sont liés à la matière première
agricole. Le rôle du transformateur est donc très important, il est la clé de
voûte du processus qui vise à mettre sur le marché des produits plus
vertueux.
Comment les IAA
s’emparent-elles de ces enjeux Bas Carbone ?
Notre structure a 15 ans d’existence. Une
expérience assez longue pour dire que les choses bougent. Les échéances
réglementaires incitent de plus en plus d’entreprises à entreprendre une
stratégie bas carbone. Désormais, un certain nombre de grands comptes agroalimentaires
intègrent même ces enjeux et leurs exigences associées dans leurs appels
d’offre et cahiers des charges. Le milieu bancaire les y incite aussi de plus
en plus, en les questionnant sur leurs engagements. Il n’est plus possible de
faire l’impasse sur cette démarche bas carbone. Quelle que soit la taille de
son entreprise, car pour tous cette démarche va devenir une condition d’accès
au marché. Il est important pour les entreprises agroalimentaires d’anticiper
ce nouveau modèle économique. Mais cela implique d’intégrer de nouveaux
métiers, de nouvelles méthodes et compétences pour aller vers une comptabilité
environnementale (impact carbone, consommation d’eau, calcul de particules
fines émises, etc…). Demain, la comptabilité environnementale deviendra le
quotidien des entreprises. Il faut l’anticiper, en investissant dès maintenant.
Et en se dotant des outils appropriés. Pour tous, mais en particulier pour les TPE/PME
qui composent la majeure partie du tissu agroalimentaire français, la voie de
réussite passera par le numérique, pour accélérer et simplifier la démarche.
Les IAA vont avoir besoin d’outils pour calculer, de façon autonome, le score
carbone et l’ACV de toutes leurs références. Nous avons justement développé des
outils de calcul très accessibles aussi bien pour l’amont dans les
exploitations (comme Farmtérix) que pour l’aval (calcul des Eco-Scores). Il est
bon de savoir que les plus petites structures peuvent être soutenues financièrement,
jusqu’à 80 % du coût d’investissement. L’Etat, et à travers lui l’ADEME,
mettent des moyens et des technologies à leur disposition pour les accompagner.
Comment s’articule une
démarche Bas Carbone en entreprise ?
Nous commençons par une première demi-journée de sensibilisation sur le sujet, en abordant les notions de climat, de gaz à effets de serre, de carbone avec une approche scientifique. J’ai l’habitude de dire que nous réinjectons de la science dans un monde de croyances et de fausses idées… Ensuite, nous réalisons un diagnostic qui nous permet de déterminer où se trouvent les postes émetteurs de CO2 en faisant le tour des énergies, des matières premières, des emballages, de la mobilité des personnes, du transport, etc. Une fois validée cette étape, nous développons les outils. Avec comme question préalable : quelles données sont à ma disposition ? quelles sont mes sources et ressources pour les comptabiliser ? Toute l’entreprise se met alors en ordre de marche pour fournir de l’information : l’origine et la façon dont sont produits les matières premières, les emballages, leurs quantités, etc., avec le service achats ; les informations sur la mobilité des salariés qui viennent travailler à l’usine avec les ressources humaines ; les consommations électriques, les achats de gaz ou encore la gestion des déchets avec le service environnement ou la direction industrielle ; la quantification des flux de transport avec la logistique, la nature des emballages avec les ingénieurs packaging…. Autant de données à prendre en compte pour les transformer en CO2eq. Lorsque le calcul est effectué, nous connaissons l’empreinte carbone de départ. Nous accompagnons ensuite l’entreprise dans la définition de sa stratégie pour réduire ses émissions en définissant des axes prioritaires. Nos outils vont lui permettre de gagner en autonomie dans les nombreux arbitrages à opérer. C’est un projet qui fédère, rassemble et pour nous, c’est un plaisir de travailler avec les équipes qui s’impliquent en tant que salariés mais aussi en tant que citoyens.
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